Incandescence

Je joue avec l’éther, regardant ma jeunesse crépitante, je la laisse se consumer.
Attendant l’action, je néantise.
Je n’aurai jamais les mots; je les cherche trop.
Se maintenir…

La lumière de mes pensées peu à peu m’ensevelit, comme une flamme et sa bougie.
Dans un monde où l’on rêve, où l’on aime, où l’on vieillit dans l’attente;
Qui sommes nous pour devenir ce que l’on fait?
De la cire qui fond, un feu qui s’estompe.

Sur la montagne absurde

Rien n’a été fait avant. Tout est permis.
Il n’est pas question d’espérer ou de haïr. Espérons, haïssons, jusqu’à l’insomnie, la terreur, l’immondice…
Nous ne pouvons plus imaginer. Imaginons, depuis l’aube, pour un midi nouveau, brillant… Immaculé…
Faire. Faire comme on oublie. Oubliez, oublions.
Rien n’existe rien ne vit. De la mémoire vient le pire et de l’oubli… vient le vent, pur, frais, vrai.
Du lieu où j’habite, jusqu’au temps que j’abrite. Oublier comme respirer. Et respirer pour peupler une mémoire, produire le temps, remplir l’espace.

Il ne faut vivre que pour la brute connaissance. Louer le froid, la neige sans vie, maculée de sang, aussi rouge que blanc, pour apercevoir dessus et dessous que tu n’es rien dans le tout. Qu’une particule, une noiraude, pétrie de noirceurs insignifiantes.

Et il ne faut exister qu’en tant qu’oubli, pur mouvement de chaleur, vers le néant salvateur. Abolir le temps. Vivre pour vivre.

Se tordre, se déchirer, jusqu’à la compréhension. Comprendre que l’écoulement du fleuve est tortueux, que le fluide croulant dans tes veines n’a rien d’eau. Mais comprendre que la joie s’insinue partout, matière immatérielle, intangible incisive.

Comprends que la connaissance et l’oubli sont ta condition, que ton corps est ton esprit, que ta lutte pour la vie n’a de fin que maintenant ! Là, au paroxysme de ton existence, éprouvant ta compréhension, ne cherche plus de pente à arpenter. Sur le pic de l’absurdité mondaine tu te dresses, victorieux, riche, déçu du monde, sans larme ni colère.
Comprends qu’il faut chuter, maintenant. Encore. Que tu oublis jusqu’à ton cœur. Que tu perdes tout, confusément, maladroitement, jusqu’à ta peur, jusqu’à n’être plus rien, qu’une chute, qu’une lassitude vaguement familière.
Il faut tomber, oublier, mourir encore, couler tel de la lave sur le sillon du monde. Jusqu’à… Jusqu’à ce que…

Et rien, jamais, n’a été fait avant. Tout est désormais permis.